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'an introduction to faradj karajev'  megadisc mdc 7852

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1.  Répertoire - Juin 1999

L'élégant inventaire de la modernité russe entrepris par Mégadisc nous vaut encore une belle découverte : Faradj Karaïev. Fils du compositeur Kara Karaïev, qui fit venir Stravinski en URSS (1962), Faradj sera son élève et restera son ami. A Bakou, loin de l'œil de Moscou, on sait ce qui se fait en Occident, Messiaen, Xenakis, Cage ou Crumb, surtout. Au début pourtant, Karaïev croit faire moderne en folklorisant sur les modes mougam ou des percussions azéries.

Il connaît l'illumination d'un monde sonore nouveau en composant Le Matin du troisième jour, un opéra sur l '«Eurydice» de Jean Anouilh (1975). Voici que s'ouvre à Karaïev junior un univers «d'oscillations oniriques et intemporelles» (F. Lemaire). Goya, Monet, Chagall lui montrent les « scintillements fragiles des derniers interstices». La poésie en rupture, en particulier René Char ou W. C. Williams, lui indiquent la fragmentation, les pauses, une profondeur qui confine à l'ésotérique. Ainsi naisent la Sonate pour deux exécutants (1976), le monodrame Journey to love(1978) ou, sur des fragments du Requiem de Mozart, L'Année 1791 (1983). Autant de pièces qui nous restent à découvrir.

Karaïev puise certes dans Stravinski et Webern, mais écoute attentivement John Cage et George Crumb. Il trouve à ces deux-là une démarche proche de la sienne : «l'immersion émotionnelle dans les lentes métamorphoses des sons et des rythmes». C'est le sens de son hommage à Crumb (1985), A crumb of Music for George Crumb, superbement interprété ici. Au-delà du jeu de mot, Karaïev opère une vraie mise en miettes (crumbs) de la musique, pointillisme fragile, mystique, imperceptiblement maniaque.

La mort de Tarkovski (Alla, en son hommage, 1989) et la perestroïka affirment en Karaïev ce qu'il rejetait avec le communisme : sa russéitùde. Certes Crumb, certes Cage, mais sa musique ténue, fugitive, défie la construction et la rationalité, là où le premier de ces Étasuniens humorise et le second cérébralise sur fond franco-calviniste. Comme l'abstraction de Fontana reste inouïe de sensualité latine, la nudité de Karaïev reste « une musique d'au-delà du miroir ». Ainsi, Klänge einer traurigen Nacht (1989) tient du rêve autant que de la nuit, éclairée dans la deuxième partie par la lumière vacillante d'une mandoline à la Webem. Plus: souvent, les. musiciens taillent dans la pièce des perspectives faisant songer à Boris.

Les Postludes I (1990) et II (1991), deux versions du même matériau, cherchent le ténu, le diaphane en commençant par la répétition d'un la, mais le zen scelsien (une des sources inavouées de l'auteur) vire à la tempête, même lointaine et sereine, jusqu'à ce qu'un chant profond s'élève. Un chant que les bons auteurs qualifieraient de « fond immémorial de l'âme russe ». Tel la grande Oustvolskaïa, mais plus modeste et fragile qu'elle. L'énigme qu'ils défient tous deux dépasse pourtant ces considérations régionales:

c'est celle de la musique même.

Jean Vermeil


NOUVEAUTÉ 53’

Stéréo DDD__________________

Manuqe de transparence et de perspectives.___

Lle commentaire de Frans Lemaire est lumineux de clarté et de poésie - preuve que c'est

cortiputîbîe —, à l'imay du commenté.





2.  Le Monde de la Musique - Juin 1999

Faradj Karaïev doit l'essentiel de sa formation à son père Kara Karai'ev (1918-1982), un compositeur très apprécié durant la période soviétique. Cet enseignement, assez éloigné des préoccupations des idéologues, forgea l'esprit du jeune compositeur, même si c'est par l'intermédiaire d'une jeune pianiste qu'il se familiarisa avec les œuvres de Messiaen, Xenakis, Cage et Crumb. Les œuvres présentées ici ont hérité du savoir de ces compositeurs. Elles révèlent un univers fortement mystique et une sensualité qui ne peut laisser insensible.

Poslludia est à ce titre exemplaire. A partir de la répérilion quasi imperceptible d'une même note, le compositeur déploie un monde mystérieux et contrasté d'où surgira un chant extraordinaircment profond. Que Faradj Karaïev ait pu échapper au risque du collage stérile montre chez lui un sens de la construction particulièrement aiguisé. L'hommage à George Crumb - ...a crumb of music for George Cnimb - en est également un exemple. La complexité de l'œuvrc est évidente, alors que le cheminement musical reste clair. Morcellement pointilliste, obsession du détail, symbolisme et mysticisme omniprésents: l'œuvrc captive el trouble. La lecture du texte de la poétesse américaine Emily Dickinson faite par les musiciens au début de la pièce contribue

à entretenir un mystère oppressant el mélancolique. La même atmosphère plane sur Ktange einer traurigen Nacht. une oeuvre sensuelle qui porte elle aussi sa dose de mystère el jongle avec les références - Webern dans le deuxième mouvement. L'interprétation, remarquable, contribue à la réussite de cet enregistrement.

Mathias Hcizmann

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